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    vendredi 1 juin 2018

    [Chronique] La vérité attendra l'aurore





    Parution le 28 février 2018
    chez JC Lattes
     248 pages - 18.00 E
    One Shot




    C’est dans le Gaîté-Palace, un cinéma de banlieue laissé à l’abandon, que Mohamed, ébéniste au passage du Grand-Cerf, revisite sa vie, celle de ses parents et, surtout celle de son jeune frère, Lyes. Ses souvenirs se figent puis se glacent d’effroi lorsqu’Aïcha, la mère, décide de fêter les vingt ans de Lyes dans son village natal en Algérie, pendant les années barbares. Lyes ne fêtera jamais ses vingt ans. Le jour de son anniversaire, Mohamed et Lyes tombent dans un piège tendu par les Combattants de l’Islam. Et c’est le monde qui bascule. Mohamed réussit à s’enfuir, laissant son frère aux mains des terroristes. Il ne s’est jamais remis de cette disparition. Vingt-cinq ans plus tard, Mohamed reçoit sur son compte Facebook un étrange message de Houria, une jeune femme, qui habite Alger…







    Pourquoi ce livre?
    Je me rend compte que je lis de plus en plus de roman contemporain au détriment de la jeunesse. Peut être est-ce du à mon travail en librairie ou tout simplement parce que je reviens à mes premiers amours pour les romans un peu plus adulte. Quoiqu'il en soit, ce titre paru aux éditions JC Lattes m'a tenté de part son titre. La vérité attendra l'aurore.... c'est beau non? De plus, cela fait un moment que je souhaitais lire une histoire d'un auteur algérien et c'est maintenant chose faite!


    De quoi parle t-il?
    Mohamed est ébéniste au passage du grand-cerf dans notre belle capitale de Paris. Suite au décès de ses parents, il décide de mettre en vente leur appartement et retombe sur des souvenirs et des photos dont une prise le 11 aout 1993, jour ou Lyes, son frère aurait du fêter ses 20 ans au pays sauf que ce jour la, rien ne s'est passé comme prévu... Mohamed et Lyes sont tombés entre les mains des combattants de l'Islam et seul Mohamed a pu s'enfuir au bout de quelques jours, laissant son frère seul face à cette armée d’extrémiste. Vingts cinq ans plus tard, il reçoit sur Facebook d'étranges messages de la part d'une certaine Houria, une jeune fille qui habite Alger.


    Que penser de l'histoire et des personnages?
    La vérité attendra l'aurore est un livre que je peux classer comme poétique car malgré des faits violents et un coté sauvage de la réalité, l'auteur continue à narrer son histoire avec légèreté et tout en finesse. On y retrouve un personnage principal plutôt solitaire et introverti qui raconte avec douceur sa vie passé, son enfance, ses parents, sa famille déjà fragile puis détruite par la disparition de son frère.

    Son père gentil et travailleur mais qui a tendance à noyer son malheur au bistrot du coin, sa mère qui afin d'oublier son mariage forcé durant sa jeunesse dépense sans compter le peu d'argent que son mari gagne. Sa mère qui ne voit en lui qu'un fils raté, un fils qui est tout le contraire de son frère Lyes, intelligent et beau. Une mère que moi même je n'aurai pas supporter de par son manque de reconnaissance et qui passe son temps a se plaindre de son mari qui pourtant donnerait tout pour elle. Un mari qui pour apaiser les conflits et subvenir aux besoins de sa famille, n'hésites pas à mettre sa propre fierté de coté. Un personnage qui m'a touché et que je respecte. Et puis il y a Lyes, le frère prodige disparu dont on connait enfin l'histoire. Une histoire qui nous bouleversera mais qui permettra à notre cher Mohamed d'avancer et de ne plus vivre dans le passé.

    La vérité attendra l'aurore porte parfaitement son nom car c'est tout ce que nous voulons savoir. Il n'y a pas réellement d'histoire, ni de suspense, uniquement une succession de faits passés qui mèneront a une vérité à découvrir. Une vérité qui changera le cours non pas d'une seule vie mais de plusieurs vies. Une vérité qui libérera et qui donnera de l'espoir notamment à la jeunesse Algérienne et Française souvent empreinte d'une double culture difficile à combiner.


    En conclusion?
    Un voyage entre deux rives. Des personnages au devenir si inopiné. Une histoire poignante pourtant raconté avec tant de poésie et de douceur. Akli Tadjer est un auteur qui a le talent de vous prendre aux tripes et de ne vous laisser aucun répit. Un auteur qui m'a convaincu et qui mérite d'être connu.



    Extrait du livre

    "De John Grisham, je ne connais que "le client" que Lyes avait emprunté à la bibliothèque de Gentilly avant notre départ pour El-Kseur et que j'avais lu durant ma captivité. Hormis le Coran dont Hassan, l'émir des combattants de l'islam nous avez obligés à apprendre des sourates avant notre comparution devant le tribunal, c'était le seul livre qu'il nous avait permis de garder avec nous. Moi qui n'avait aucun goût pour la lecture, j'avais dévoré d'une traite ce roman policier, et dans nos nuits de brouillard ou nous tremblions de peur à l'idée d'être saignés, je m'évadais en relisant plusieurs fois les mêmes chapitres si bien que chaque lieu, chaque personnage mettaient devenus familiers. 
    [...] 
    Je me souviens que dès que j'arrêtais de lire, je reprenais conscience de l'horreur qui m'entourait. Je me souviens que le vendredi soir, après la dernière prière, nous entendions les plaintes et les pleurs de jeunes filles encore adolescentes que les combattants de l'Islam avaient kidnapper dans des villages avoisinants pour les violer lors de mariages forcés. Je me souviens du visage turgescent de l'émir Hassan qui m'appelait le koufar - le mécréant-, parce qu'il m'avait jugé indigne de porter le même nom que celui du Prophète. 
    [...] 
    Je me souviens qu'il avait braqué sur nous sa Kalash en gueulant que nous étions des fils de putes, des koufars, avant de nous ordonner de déclamer une sourate. Comme nous ne parlons pas l'arabe, l'émir Hassan nous avait autorisé à les réciter en français car, disait-il, Allah comprend toutes les langues. 
    [...] 
    "La plaideuse, fils de putain, je t'écoute." Aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche. Il m'avait fouetté sur les mollets, sur les cuisses puis il avait réitérer sa question. Les mots ne me venant toujours pas, il m'avait obligé à m'agenouiller à ses pieds, mains sur la tête comme un cancre, avait ouvert sa braguette et m'avais pissé dessus en maugréant dans sa barbe: "Kelb fi França, sale chien de Français." Une fois soulagé, il avait ordonné à Bob de me cracher sur le visage car il considérait que sa salive ne me méritait pas."



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