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    vendredi 18 mai 2018

    [Chronique] Récolte la tempête





    Parution le 8 février 2012
    chez Milan
    Collection: Macadam
     112 pages - 9.90 E
    One Shot




    Ijaz est soldat. Obéir, se battre, même tuer parfois, Ijaz n'a pas le choix. Il a oublié pourquoi il fait tout ça. Il le fait, voilà tout. Mais un jour, lors de l'attaque d'un village, on lui en demande trop. Sa seule issue : fuir. Et essayer de se reconstruire, de réapprendre à vivre... A quinze ans, tout est possible.







    Pourquoi ce livre?
    Je ne sais même plus comment ce livre est arrivé dans ma bibliothèque mais tout d'un coup, j'ai eu envie de l'en sortir pour le découvrir ne sachant pas du tout à quoi m'attendre. Une sortie dans le parc au soleil et une heure plus tard, il était bouclé!


    De quoi parle t-il?
    Nous retrouvons Ijaz, un enfant d'à peine 15 ans enrôlé de force pour rejoindre les rangs en tant que soldat. Se battre, piller, tuer, tel est la nouvelle vie d'Ijaz s'il veux survivre dans ce monde. Sur ordre de son supérieur, il doit "devenir un homme" et agir en conséquences, mais quand on lui demande de violer une femme après tout les autres, il ne le peux. Ijaz n'en peux plus de cette situation, de tuer et d'être tout simplement ce qu'il est devenu alors il fuit, emportant avec lui cette femme dont il ignore tout. Ensemble, il trouve refuge dans un dispensaire peuplé uniquement de femmes et d'enfants qui se protègent de la guerre. Mais comment vivre avec un tel passé? Comment se pardonner?


    Que penser de l'histoire et des personnages?
    Récolte la tempête est un livre court mais relativement intense! Ce n'est qu'une fiction et pourtant on ressent comme une impression de vécu, de réalité. Peu à peu, a travers le mal être du personnage principal, on découvre toutes l’horreur de la guerre et toute l'horreur de sa vie.

    Certains passages sont réellement durs à lire tellement les mots choisis sont crus et violent mais nécessaire pour nous faire comprendre que ce n'est pas uniquement de la fiction. Nombreux sont les enfants qui deviennent soldat dans les pays d'Afrique mais cela est tellement loin de notre quotidien habituel que cela nous semble irréel. 

    L'écriture de l'auteur Jean Albert Mazaud est pour le moins particulière en vue de ses chapitres totalement saccadés mais une fois habitué, cela ne rend le roman que plus atypique.

    La seconde phase du roman est beaucoup moins sanglante et violente mais n'ai pas pour autant dépourvu d'émotions. Au contraire, elle nous délivre un message d'espoir, une sorte de quête dont l'objectif est la reconstruction de soi même.

    Ijaz fait parti des enfants que la guerre a brisé et qu'il est difficile de comprendre. Je me suis souvent demandais ce qu'il pensait à tel ou tel moments, j'aurais aimé qu'il me parle et partage avec moi ce qu'il ressent ou connaitre son état d'esprit mais parfois, un silence ou un regard peux suffire à exprimer toute la souffrance. Et c'est ce qu'a réussi à faire l'auteur. Pas de mots, pas d'images et pourtant... des émotions de plus en plus fortes!

    Ijaz va devoir apprendre à faire face à ses propres démons, a faire disparaitre celui qu'on lui a forcé à devenir et à s'accepter. Il est perdu, torturé, ne sais plus qui il est ni ce qu'il vaut. Il sais qu'il doit réapprendre à vivre mais comment se connaitre soi même quand tout vos repères vous ont été pris! On lui a volé sa famille, on lui à voler ses rêves, on l'a privé de son avenir et même de son enfance! Comment trouver la paix intérieur quand on est soit même rempli de remords et de regrets qu'on n'a pu contrôler? Quand tant de colère et de haine anime notre esprit ne rendant que notre conscience défectueuse? Sa vie au dispensaire l'aidera à se poser les bonnes questions et surtout à trouver sa propre identité.


    En conclusion?
    Récolte la tempête est un roman poignant et touchant malgré sa centaine de pages. Un roman qu'il est parfois difficile de comprendre de par son écriture inhabituel mais qui se montrera intéressant pour les plus jeunes occidentaux qui n'ont pas conscience de la chance qu'ils ont d'être nés dans un endroit différent et moins dangereux.



    Extrait du livre

    "Ijaz se leva, saisit la bassine dont il jeta l'eau, chercha un seau: il rinça la bassine, la remplit avec l'eau du seau. Puis il scruta la pièce, vit ce qu'il cherchait: il déchira un morceau d'étoffe, revint s'assoir sur le lit. Il sentit aussitôt qu'il avait été trop brusque: le corps s'était refermé. Mais Ijaz voyait quand même les cheveux emmêlés, trempes par des larmes, des crachats peut-être ou du sperme. Il se calma, trempa le bout d’étoffe dans l'eau et , maladroit, il commença a rafraichir le visage qui se cachait derrière la chevelure [...] Et il osa enfin regarder les yeux. Il y lut la stupeur. La douleur. L'envie de mourir. Il eut honte et détourna le regard.
    Que faire à présent? Parler? Le pouvait-il? Il se sentait dépourvu: plein de cris, oui , mais sans un mot. C'en était donc fini. Ijaz se disait qu'il allait se lever, retourner la bas, avec les autres, faire semblant d'avoir oublié son pantalon débraillé. Comme si l'acte qu'il venait d'accomplir, sa révolte contre l'ordre, l'avait épuisé : une simple parenthèse. Et qu'il devait reprendre son arme et crier et tirer, pour oublier. 

    Ijaz regarda le sol de terre battue, comme autrefois, chez lui. Comment était-ce déjà chez lui? Il ne savait plus. Il connaissait mieux cette maison que celle de son enfance. Il fallait bouger, revenir à l'action, Ijaz le sentait bien. 
    La femme, à coté de lui, restait immobile. Que devait-elle penser de ce soldat assis sur son lit qui, au lieu de la violer, lui avait nettoyé le visage et qui avait pleuré? "




    1 commentaire:

    1. Fastidious answers in return of this matter with genuine
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